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Discours du Président de la République F. Hollande devant le CSFM - décembre 2013

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Discours du Président de la République F. Hollande devant le CSFM - décembre 2013 Empty Discours du Président de la République F. Hollande devant le CSFM - décembre 2013

Message  Rédaction Z Ven 3 Oct 2014 - 16:59

 INTERVENTION DE MONSIEUR FRANÇOIS HOLLANDE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
CONSEIL SUPERIEUR DE LA FONCTION MILITAIRE
LUNDI 9 DECEMBRE 2013



L'intervention du Chef de l'Etat directement devant le CSFM en tant que « corps constitué » est relativement rare, et il ne faut pas la confondre avec les occasion de rencontres qui existent par ailleurs, les membres du CSFM étant par définition les représentants officiels des militaires et ,à ce titre, conviés à diverses manifestations en présence du Président de la république.

L'intervention de décembre 2013 venait conclure un premier cycle de réflexion, le Chef de l'Etat ayant sollicité le CSFM et les CFM pour réfléchir aux évolutions souhaitées de la « concertation » dans les armées.

Discours du Président de la République F. Hollande devant le CSFM - décembre 2013 Hollan10



Un point de vue de la rédaction gendcité-gendmonde

Un discours d'étape, essentiellement destiné à expliquer les choix retenus concernant les armées, tant en matière d'engagement opérationnel que de programmation budgétaire.
Le Président veut poursuivre la réflexion sur les libertés publiques des militaires, mais, à ce stade, en des termes génériques qui ne permettent pas encore de prévoir vers quoi les travaux demandés – par le Président - au ministère de la défense, pourraient déboucher.

Discours du Président de la République F. Hollande devant le CSFM - décembre 2013 Csfm_s10

Le texte intégral de l'intervention
(Etant rappelé que seul le prononcé fait foi)

Messieurs les ministres, monsieur le chef d’Etat-major des armées, mesdames et messieurs les membres du Conseil supérieur de la fonction militaire, je vous retrouve pour, au moins, la troisième fois de l’année. Si j’ai fait mes comptes précisément, la première devait être lors des vœux aux armées ; nous étions à Olivet. Ensuite, il y a eu la rencontre à l’Elysée, c’était au mois de septembre dernier. Et il y a la rencontre d’aujourd’hui. J’aurais des scrupules même d’oublier le 13 juillet dernier où nous étions présents pour la réception qu’offrait le ministre de la défense à l’hôtel de Brienne.

Je tiens à ces contacts, à ces rendez-vous où nous pouvons, autant qu’il est possible, nous écouter et dialoguer.

Cette session, la 90ème du Conseil supérieur de la fonction militaire, se tient une nouvelle fois dans un contexte particulier, puisque jeudi soir, après avoir tenu un Conseil de Défense, j’ai décidé de faire intervenir nos forces en Centrafrique en appui de la mission qui a été confiée par le Conseil de sécurité des Nations Unies à des unités africaines pour rétablir l’ordre dans ce pays qui, je le rappelle, est l’un des plus pauvres du monde, où des exactions terribles s’y sont produites et où il ne peut pas y avoir de paix s’il n’y a pas, d’abord, le désarmement des milices. Ce qui est engagé en ce moment-même. 1600 hommes sont présents maintenant en Centrafrique et une nouvelle fois le monde s’est tourné vers l’Armée française. Certains pourraient se dire : « mais pourquoi toujours l’Armée française ? ». Nous devrions répondre : « mais parce que c’est la meilleure ; parce que si elle n’était pas là, nulle autre ne pourrait être en capacité d’atteindre la mission qui a été fixée par le Conseil de sécurité des Nations Unies. »
J’imagine que beaucoup de nos compatriotes peuvent se poser aussi cette question : pourquoi, une nouvelle fois, faire intervenir nos forces armées sur un territoire lointain où nous n’avons aucun intérêt, car il est vrai que nous n’y avons aucun intérêt, sauf protéger quelques ressortissants. Mais le seul but de cette intervention ce n’est pas la poursuite d’un intérêt, c’est de sauver des vies humaines. C’est ce qui fait l’honneur, la gloire-même de l’Armée française.

Il y a d’autres questions qui sont soulevées : combien tout cela va-t- il coûter ? Est-ce que ce qui est pris dans le cadre de cette mission sur le budget de nos Armées va, d’abord, être compensé, et ensuite ne va pas être au détriment d’une autre fonction collective que l’Etat doit assurer pour la Nation ? En d’autres termes : est-ce que ce que nous faisons pour une intervention dans un pays africain, nous ne le faisons pas au détriment d’une action dans notre propre pays, où il y a tant de problèmes ?

A cela il convient de répondre. D’abord il y a des situations où on ne doit pas compter, où on doit agir, car il s’agit de sauver des familles, des femmes, des enfants, de massacres qui se seraient perpétrés si nous n’étions pas là. Et puis il y a une deuxième réponse, nous l’avons apportée au cours du sommet entre la France et les pays africains en présence des deux autorités européennes, le président du Conseil européen, le président de la Commission européenne, et avec le secrétaire général des Nations Unies, il y aura des financements qui seront trouvés, d’abord au niveau européen, puis ensuite, lorsque notre mission s’intégrera dans une opération de maintien de la paix par les financements de l’ONU ellemême. Voilà pourquoi cette session qui a commencé, je crois, vendredi, qui s’est poursuivie samedi - une pause a dû être quand même accordée le dimanche, enfin je vérifierai - et qui se prolonge aujourd’hui lundi, est très importante. Elle me permet de rappeler qu’au moment où j’engage des forces sur des opérations extérieures, je n’ai que deux préoccupations, avec vos chefs : la première, l’intérêt supérieur de la Nation, dont je suis le garant, et la seconde préoccupation, c’est la vie de nos soldats, dont je suis responsable comme chef des Armées. C’est ce que je voulais une nouvelle fois vous confirmer ce matin : l’attention que je dois aux hommes et aux femmes qui ont décidé de servir sous l’uniforme français et qui portent haut, au prix parfois de très grands sacrifices, le drapeau de la France. Cette attention portée aux personnels fait partie de notre politique de Défense.
C’est d’abord une obligation morale, car la Nation a confié à une armée professionnelle le soin de la protéger. Par ce contrat solennel, nos soldats sont investis d’une mission à nulle autre pareil dans l’Etat, puisque c’est la plus grave. C’est le choix de s’engager pour son pays en acceptant, pour ceux qui composent ces forces, le risque d’une blessure et même la mort.
Cette attention portée à nos personnels militaires est aussi une nécessité opérationnelle, car nous devons prendre en compte les contraintes qui sont celles de votre mode de vie, l’éloignement, ce que ça inflige pour vos familles, la reconnaissance des spécificités du métier militaire, ses conséquences et qui, si ces éléments sont bien traités, si ces contraintes sont bien posées, elle contribue à la préparation de nos forces.

Au-delà des opérations extérieures dont j’ai parlé dès l’entrée de mon propos, nos armées agissent aussi au service de nos concitoyens pour les protéger.
Cette mission est exercée à titre principal par la Gendarmerie, aux côtés de la Police Nationale, sous l’autorité du ministre de l’Intérieur, mais les gendarmes restent des militaires, font partie de la communauté militaire, avec les mêmes règles, les mêmes obligations, les mêmes droits et les mêmes devoirs. Et plus largement, nos armées assurent une surveillance permanente de notre territoire, et même une protection de nos populations, et nous devons d’ailleurs, autant qu’il sera possible, insister sur cette fonction-là. Vigipirate mobilise des effectifs très importants et il s’agit là de lutter contre le terrorisme, et ne baissons pas la garde dans cette période. Tout ce qui contribue à la sûreté aérienne maritime aussi est assuré par des militaires. Je vais me rendre prochainement en Guyane. La mission HARPIE contre l’orpaillage illégal, c’est aussi la protection, et de ressources rares, mais également de la population, au risque, là encore, d’affrontements, et nous en avons
connus.
Il y a d’autres activités, comme Héphaïstos contre les feux de forêts, ou protéger de grands événements que la France entend accueillir, parce que je considère que c’est très important que la France puisse être attractive et puisse être elle-même organisatrice de grands événements, sportifs, culturels. Mais qui en assure la sécurité ? Les forces de police, mais aussi l’Armée.
De la même façon, lorsqu’il se produit, et ça peut arriver hélas, on en a eu encore la révélation ces derniers mois, des catastrophes climatiques, des crises, qui intervient ? Les forces qui sont mandatées pour agir : services d’incendies et de secours le plus souvent, heureusement, mais quand il n’y a plus d’autres recours, c’est l’armée.
Encore il y a quelques semaines, dans un village que j’avais moi-même visité avec le ministre de l’Intérieur, la promesse que j’avais faite de régler tous les dégâts financièrement et de les réparer, eh bien en dernier recours c’est encore vers les Armées que nous nous sommes tournés, et j’en remercie les ministres responsables. En Haute-Garonne notamment, mais enfin je ne veux pas dire que la Haute-Garonne pour ne pas laisser penser qu’il y aurait eu là un favoritisme quelconque, mais également dans les Hautes-Pyrénées.
Alors, je veux saluer ce rôle pour bien le faire comprendre à nos compatriotes. L’armée ce n’est pas simplement pour aller faire la guerre. L’armée, c’est pour dissuader nos adversaires de ne pas nous la faire. L’armée, c’est fait pour que nous ayons une capacité d’action à tout moment. L’armée, c’est la protection de note territoire, c’est la sûreté de la population. Voilà de quoi alimenter bien de vos débats au cours de cette session du Conseil supérieur de la fonction militaire, j’y reviens.

Depuis plus de 40 ans le Conseil est le lieu privilégié de cette attention portée aux femmes et aux hommes de nos armées, le Conseil hérite lui-même d’une grande tradition, née des premières interrogations autour du statut militaire. Il faut remonter à la loi du 21 novembre 1969 qui a donné naissance à une instance ministérielle originale, puisqu’elle garantit le rôle du commandement dans l’animation de la condition militaire, tout en permettant un dialogue direct entre le ministre et les personnels militaires sur ces questions.
Instance spécifique puisqu’il y a la nécessité de préserver l’obéissance. Instance singulière parce que votre statut ne vous reconnaît pas tous les droits, ceux qui sont attribués aux personnels civils. Il faut donc composer, inventer, imaginer. D’un côté, il y a un principe absolu
qui est l’obéissance, qui ne peut pas être remis en cause, parce que le service que vous rendez est un service qui ne peut être qu’entier, complet et qui n’est pas compatible avec l’existence de syndicats ou de groupements professionnels. Et en même temps l’obéissance ne s’oppose pas au dialogue. Je pense même que c’est le dialogue qui permet de rendre légitime et pleine l’obéissance, d’où ce système de concertation original qui a été mis en place ces dernières années.
Depuis sa création il a évolué. Il a évolué comme la société française. Il s’est développé avec la création de structures déconcentrées, propres à chaque armée. Il s’est même renforcé avec la mise en place d’un secrétariat général, plus récemment la rédaction d’une charte de la concertation et ce rassemblement de ministres, d’administrations, de membres du CSFM dans une même démarche.
Les modes de désignation ont également changé. La communauté militaire a toujours été opposée, et à juste raison, au principe d’une élection. Elle a néanmoins admis que le tirage au sort ne pouvait donner sa pleine garantie, sa pleine implication, pour les acteurs. Il a donc été décidé que ces derniers seraient d’abord des volontaires. C’est cette démarche que vous représentez. Je veux vous en remercier parce que c’est elle qui donne son sens : être volontaire pour participer à ce travail de concertation et de dialogue. Grâce à vous, sur le fond, de nombreuses avancées ont été réalisées.
Parmi les plus récentes il y a la présomption d’imputabilité au service. Il y a aussi le bénéfice de la campagne double, pour tous vos camarades qui ont servi en Afghanistan. C’est à partir de vos propres recommandations, de vos propres propositions que ces décisions ont été prises.
C’est encore dans cette instance que des dysfonctionnements - j’insiste toujours beaucoup sur ce mot purement administratif de « dysfonctionnements », qui permet parfois d’évacuer le problème de la responsabilité : « ça dysfonctionne, que voulez-vous ». On ne sait pas qui dysfonctionne, où ça dysfonctionne, pourquoi ça dysfonctionne, mais ça dysfonctionne. Il n’y a d’ailleurs pas que dans les administrations militaires que ce mot est utilisé.
Alors, c’est dans votre instance que les dysfonctionnements, et j’y reviens, de Louvois ont été évoqués pour la première fois. Pauvre Louvois, qui a donné son nom à une mauvaise procédure, sans qu’il ait été lui-même volontaire.
Comment tolérer, c’est vrai, que nos soldats, qui donnent tant pour la mission, donc pour la Nation, ne reçoivent pas tous en retour une reconnaissance minimale ? Je ne parle pas de la solde, je parle du versement de la solde. Dès que Jean-Yves LE DRIAN a pris ses fonctions de ministre de la Défense, il a pris la mesure de cette crise, et depuis 1 an il a mis le ministère en ordre pour corriger, un à un, tous les manquements constatés.
Mais il a fini par annoncer l’élaboration, et il a eu raison, d’une nouvelle organisation du versement des soldes. C’est un impératif parce qu’on ne peut pas admettre, que ce soit d’ailleurs dans une administration militaire ou civile, qu’il puisse y avoir ces manquements, ces erreurs, ces fautes. Donc, tous les moyens nécessaires doivent être mobilisés pour conduire ce chantier dans les meilleurs délais, et j’ai trouvé que l’armée avait fait preuve de beaucoup de patience, même s’il y a eu des expressions multiples qui, heureusement, ont été jusqu’à la hiérarchie la plus élevée, mais beaucoup de patience, Je ne suis sûr pas que dans d’autres corps de la Nation, il y aurait eu cette acceptation. Quand on voit la rapidité avec laquelle certaines catégories, certains groupes se mettent en mouvement dès lors qu’on pourrait, peut-être, toucher à un certain nombre de situations !
Donc ce n’est pas parce que l’armée fait preuve de patience qu’il faudrait tolérer cette situation et mettre directement aussi en cause ceux qui ont pu décider d’un système et le laisser dériver vers ce que l’on connaît aujourd’hui.

En vous recevant le 30 septembre dernier avec l’ensemble des CFM, je vous ai demandé de travailler à améliorer encore le dialogue. Je pense que vous avez bien répondu à cette invitation. Maintenant les ministres, le ministre de la Défense, le ministre délégué, en liaison avec le ministre de l’Intérieur vont y accorder leur plus grande attention. C’est là que nous devrons identifier les pistes qui pourront être retenues pour améliorer, amplifier ce dialogue.
Pourquoi est-il si important ? Parce que nous sommes dans un moment où la Nation s’interroge sur ce qu’elle est, sur ce qu’elle peut être, sur ce qu’est son avenir par rapport à son histoire, où nous nous posons d’ailleurs tous cette même interrogation : est-ce que nous pouvons vivre ensemble ? Quel est le lien qui nous unit aux autres et notamment quel est le lien qui demeure entre les armées et la Nation ?
Or, ce lien est un des fondements de notre destin collectif. Un moment, nous nous sommes posé la question : est-ce que la fin de la conscription allait distendre ce lien, peut-être même le rompre ? Or, je constate que le lien demeure une réalité vécue par tous comme en atteste le succès populaire des défilés du 14 juillet, mais surtout la confiance que la Nation exprime chaque fois qu’elle en a l’occasion à l’égard de nos forces quand elles sont déployées. Il y a une grande fierté - quel que soit le jugement que l’on peut porter sur la décision qui a pu envoyer des troupes à l’extérieur - il y a une grande fierté quand des images nous sont données par les télévisions du monde entier de voir des populations opprimées accueillir nos soldats comme des libérateurs.
Pour chaque soldat, celui qui vit ce moment-là, pour le soldat qui regarde ses camarades être ainsi accueillis, il y a une grande fierté mais elle n’est pas propre aux armées. C’est une fierté qui touche toute la Nation parce que c’est la France, pays des droits de l’homme, pays des valeurs fondamentales de liberté, d’égalité, de fraternité qui se trouve ainsi saluée.
Et c’est la raison pour laquelle la professionnalisation n’a pas distendu la relation, dès lors que la professionnalisation est apparue comme venant de la Nation elle-même, de toutes ses couches sociales, de toutes ses origines, de toutes ses couleurs. Et nos concitoyens, au delà de leurs sensibilités, reconnaissent l’excellence de nos forces, la valeur de nos soldats et la force de l’engagement que des hommes et des femmes ont pu prendre au service de la Nation.
Les valeurs que vous portez sont celles de la République, car y a t- il une dimension plus forte pour exprimer la liberté que celle de la défendre partout où elle est menacée ?
Est-ce qu’il y a une forme supérieure d’égalité que de voir dans l’engagement cette consécration ? L’engagement, c’est-à-dire le dévouement pour son pays quels que soient son grade, ses origines, ses fonctions politiques ou religieuses. L’engagement, chacun est à égalité par rapport à l’autre. Quant à la fraternité, celle des armes, elle rappelle que l’individu n’existe que dans une collectivité solidaire. Il ne doit pas s’effacer devant la collectivité mais c’est la collectivité qui lui permet d’être rehaussé et parfois d’être protégé.
C’est pourquoi l’armée, par les valeurs qu’elle porte, est au cœur de la Nation et elle lui confère en plus, à cette Nation, la nôtre, son influence, son prestige, son rayonnement, à condition que l’armée soit toujours en harmonie par rapport aux évolutions de notre pays.
C’est pour cette raison que j’ai souhaité, à travers le Livre blanc, mener une réflexion sur la citoyenneté des militaires. L’enjeu, au-delà du respect de la vie personnelle du soldat, c’est la prise en compte de sa place dans la société. Un militaire ne peut pas être simplement un père ou une mère à part entière. Il doit être aussi un citoyen de plein exercice, certes avec les contraintes qui s’attachent à sa fonction, mais avec la reconnaissance à laquelle il a droit.
Le Livre blanc d’ailleurs fixe clairement l’objectif. Que dit-il ? « Favoriser l’expression des militaires dans leur contribution au débat public ou interne dans le respect du devoir de réserve des obligations attachées à leur statut ». C’est pourquoi le sujet intéresse directement le Conseil supérieur de la fonction militaire. Aussi, l’ai-je dit, je souhaite que vous contribuiez à la définition des conditions et de reconnaissance de la liberté d’expression des militaires dans le respect de la spécificité de votre métier. Là, encore, le ministre de la Défense conduira autant qu’il sera possible et en association avec vous cette réflexion.

Je veux terminer.

Ma préoccupation, ces derniers mois, a été, avec les ministres concernés et notamment Jean-Yves LE DRIAN, de préserver l’effort budgétaire pour notre Défense malgré toutes les contraintes que nous connaissons. Ça n’a pas été un exercice facile parce que nous avons sanctuarisé le niveau de notre, enfin de votre budget, du budget de la Défense ; pas un exercice facile quand on demande à toutes les autres administrations de diminuer leur budget ; pas un exercice facile parce que nous savons qu’il y a des besoins tels dans nos armées que la tendance pourrait être à la progression des dépenses aussi bien pour les équipements que pour le fonctionnement ; pas facile non plus de justifier une diminution des effectifs et donc une suppression de postes alors même que les armées ont déjà été beaucoup sollicitées dans le passé. Mais c’était la décision qu’il convenait de prendre si on voulait justifier de notre ambition et en même temps être capable de répondre à toutes les sollicitations que la vie internationale peut à un moment exiger.
Nos choix, là encore, ont été éclairés par le Livre blanc, puis ensuite présentés dans la loi de programmation militaire – elle vient d’être adoptée par l’Assemblée nationale, elle le sera par le Parlement dans un bref délai.
Qu’avions-nous à faire dans cet exercice de programmation ? Non pas simplement afficher des chiffres. Ici, il y a suffisamment de spécialistes pour savoir que lorsque des chiffres sont avancés sur plusieurs années, il y a un aléa très grand qui s’attache à cette évaluation à mesure qu’il y a une distance par rapport à la réalité. Il vaut mieux afficher des chiffres réalistes que d’afficher des chiffres qui n’auront aucune chance d’être adoptés ou traduits dans l’exécution.
Donc que s’agissait-il de faire ? Il s’agissait d’abord de bien comprendre notre environnement stratégique et il est en train de changer. Je ne veux pas moi-même monopoliser le dialogue parce que s’il n’y a que moi qui parle mais quand même ! Ceux qui ont suivi les événements en Syrie, c’est-à-dire le fait que, à un moment, alors que nous étions prêts nous-mêmes à intervenir à la suite de l’utilisation par le régime syrien d’armes chimiques, une autre voie a été empruntée, celle
de la négociation qui va conduire d’ailleurs à la destruction de ces stocks.
Mais il n’a échappé à personne que les Etats-Unis d’Amérique ne sont plus dans la même préparation pour d’éventuelles interventions, qu’il y a là et ça n’est pas lié au président OBAMA, une tendance qui va être de laisser les Européens, de laisser les principaux acteurs décider sans les Etats-Unis ou avec les Etats-Unis mais dans un autre rapport. Il faut bien prendre en compte cette évolution stratégique ; elle est majeure.
De la même manière, il y a des menaces que nous connaissons : menaces terroristes qui ne vont pas simplement être un attentat mais l’occupation d’un territoire, c’est ce qui était en cours au Mali.
On voit aussi qu’il y a des puissances nouvelles qui émergent, pas simplement sur le plan économique, sur le plan aussi diplomatique, politique et donc militaire. Regardez ce qui se passe dans la Mer de Chine.
Face à ces menaces, que pouvons-nous faire ? Quelle doit être notre organisation ?
C’était le sens de la loi de programmation et à partir de là, d’y mettre les moyens financiers correspondants. Je m’en suis expliqué. Le rôle de la cyber-défense qui va être essentiel, le rôle des services de renseignement pour éviter également que nous soyons « regardés », je préfère utiliser ce mot, écoutés peut-être ! Donc nous avons à jouer notre rôle aussi pour nous protéger – cyber-défense –, pour nous projeter – les opérations extérieures –, pour nous assurer notre sécurité essentielle, sur notre territoire.
Voilà ce que pose comme objectifs, comme principes, la loi de programmation militaire. Mais pour assurer ces missions, pour atteindre ces objectifs, nous avons besoin de l’excellence de nos forces et c’est tout le sujet, l’entraînement, de l’équipement, de la préparation de nos soldats et donc de leur condition militaire.
C’est l’objet de la concertation parce que la condition militaire contribue à l’efficacité de nos armées. Et elle entretient le lien indéfectible de nos armées avec la Nation.
C’est pourquoi j’y attache autant de prix.

Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que j’étais venu vous dire et en même temps vous exprimer. Je connais votre professionnalisme ; j’ai eu l’occasion à chaque fois de le mesurer, votre rigueur, votre dévouement mais aussi votre esprit d’ouverture et votre force de proposition. C’est un travail difficile forcément, dans des contraintes qui sont particulièrement évidentes, mais c’est un travail essentiel et c’est pourquoi je voulais vous exprimer et vous assurer de mon estime, de ma confiance pour l’action que vous menez chaque jour et pour la parole que vous portez
.
Vive la République et vive la France !


Les sources et références

Ministère de la défense
90ème session du CSFM
Intervention du président de la république – 9 décembre 2013[/color]




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